
Les auteurs que je connais se plaignent parfois de l’absence de promotion de leurs œuvres – et de leur personne. Souvent, celle-ci se limite à l’envoi de services de presse et à l’insertion d’un titre dans le catalogue de l’éditeur, s’ils en ont un.
Lire comment le livre de Monique Roffey, auteure britannique d’origine trinidadienne, The Mermaid of Black Conch, rejeté par de multiples maisons d’édition en Angleterre, et finalement publié en pleine pandémie par Peepal Tree Press, fut sauvé de l’invisibilité dans laquelle il sombrait par des bookstagrammers enthousiastes m’a beaucoup inspiré.
Découvrir Henry Darger, révélé par son ancien propriétaire après sa mort, qui a passé une vie de réclusion dans une petite chambre à Chicago où il peignait et rédigeait d’énormes manuscrits sans jamais être découvert ni lu ; autant de ruminations sur les sept années qu’il a passé dans un asile psychiatrique pendant l’enfance, et l’impact que cela a eu sur lui, un écrivain brillant sans lecteurs de son vivant, m’a poussé à réfléchir.
L’auteur est un acteur négligé dans le paysage économique de notre île, la Guadeloupe. Et pourtant, il contribue au rayonnement de nos cultures. Il fait parler de nous. Il attire des touristes. Il génère de l’activité, et pas que pour les imprimeurs, distributeurs, libraires et autres. D’où l’intérêt de le rendre visible.
Les outils de communication de masse se sont démocratisés, il est temps de les exploiter. À mon petit niveau, je veux m’en prévaloir et faire en bénéficier mes collègues. L’objectif est d’augmenter ma visibilité et la visibilité de ceux qui le désirent et ne savent pas s’en servir. Nous avons des choses à dire. Être entendu ou lu ne garantira l’adhésion de personne, mais suffit pour nombre d’entre nous. Pour un auteur, c’est cela avoir sa chance.
Nous nous prenons en charge. Prendre soin de nous-mêmes, ne plus attendre d’être promu par les acteurs traditionnels du livre et de la culture, voilà ce qui s’impose aujourd’hui plus que jamais. Personnellement, je me considère comme un auteur-preneur, donc, cette façon de penser me convient.
Les voix de demain sont déjà là pour nous permettre de nous repenser. Elles sont nombreuses et pourtant peinent à se faire entendre. Ce que leurs pages orphelines ont à dire dérange souvent. En littérature, trop de gens s’improvisent chiens de garde qui protégeraient l’entrée à l’expression sous des prétextes bidons. Notre patrimoine littéraire ne se limite pas à quatre ou cinq auteurs, toujours les mêmes, comme un regard cursif sur l’actualité littéraire pourrait nous le faire croire.
Les aînés s’impliquent peu dans l’aide à la succession. Ce sont elles, ces voix, qui fourniront les histoires dont auront besoin les cinéastes antillais. Peu de personnes se chargent de les aider à émerger. Trop se contentent de les exploiter.
Les gens ont besoin de s’exprimer et ce qu’ils ont à dire ne pourra plus être canalisé, ou évacué.
Personne ne pourra plus étouffer un cri qui a besoin de sortir, ni empêcher aux autres de dire ce qui doit être dit.
Un livre qui n’est pas ouvert est comme une fenêtre qui reste fermée. Il ne fait pas son travail. On suffoque derrière sans savoir quel vent frais il amène.
Les auteurs veulent être lus, connus, même si vous renoncez en fin de compte à un compagnonnage avec leurs mots, au moins, vous saurez exactement pourquoi vous le faites, et ce qu’ils suscitent en vous, en connaissance de cause. C’est de cela même qu’il s’agit après tout, de connaissance, d’émotion et d’élévation culturelle. Voilà pourquoi nous apportons notre petite touche en proposant des
SOIRÉES LITTÉRAIRES MENSUELLES FILMÉES ET ORGANISÉES AVEC LES AUTEURS, accompagnées de ventes, de dédicaces, de musique et de gastronomie, à chaque fois dans une localité différente où nous aurons été invités.
ENTRETIENS FILMÉS D’AUTEURS PAR D’AUTRES AUTEURS sur un des thèmes de leurs livres, diffusé sur YouTube, Facebook, et Instagram.
ACCOMPAGNEMENT DES AUTEURS DANS LA CONCEPTION ET L’ÉLABORATION DE LEURS OUVRAGES (retours, trailers, chroniques, etc.)
DÉVELOPPER DES BOOKTUBERS, DES TWITBOOKERS, ET DES INSTABOOKERS.
ATELIERS D’ÉCRITURE
ATELIER DE PRISE DE PAROLE EN PUBLIC.
MANIFESTATIONS AUTOUR DES HISTOIRES QUI RELATENT NOS RÉALITÉS ET NOS ASPIRATIONS.
Qui accepte le challenge de la solidarité ?
Difficile, la vie d’auteur.
D’un côté, le poids de la production pléthorique, de l’autre, le formatage du goût des lecteurs.
Bonne chance à toutes vos initiatives.
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