Avachi dans un siège sans profondeur, il se prend à rêver de liberté et se triture l’esprit. Il comprend finalement, malgré ses prétentions que son monde à lui est organisé, y compris ses propres pensées, pour le maintenir dans les chaînes. Pratiquement invisibles aujourd’hui, elles pèsent davantage sur son esprit que sur ses poignets.
« J’aurais été un Dieu » de Michel N. Christophe

‘J’aurais été un Dieu’ de Michel N. Christophe.
Synopsis : Un étudiant antillais à Paris, entre deux femmes. Une icône intouchable, sublimée et sa prof d’anglais, magnifique, à la détermination sans bornes.
Source: « J’aurais été un Dieu » de Michel N. Christophe
Telle que je la connaissais, j’imaginais bien qu’elle chercherait à en avoir le cœur net. Elle se glisserait hors du lit à la recherche du portable et l’allumerait. Grande serait sa surprise. Je comptais sur mon nouveau mot de passe. Après de multiples tentatives de décodage, l’appareil se bloquerait. Frustrée, Catherine retournerait se coucher. J’avais pensé à tout, mais d’une façon ou d’une autre, elle tenterait d’obtenir gain de cause. Savoir c’était prévoir. Sa détermination était sans bornes. Si elle avait su ce que je savais, elle m’aurait tué !
Naïve jusqu’à l’insouciance, Soukeyna ne se rendait jamais compte de la souffrance qu’elle m’imposait. Était-ce donc si enviable d’être une femme sublimée, existant avec force dans les fantasmes d’un homme pourtant désiré, mais jamais chevauché ? Être et demeurer une femme sur piédestal, telle une icône précieuse, sacralisée, objet de culte d’un rite barbare. Que se passerait-il donc si, comme je l’y invitais, elle descendait du socle consécratoire ? Si, rompant la magie d’une abstinence sacrificielle, elle se livrait à sa nature, en l’absence de cette chimère qu’est la vertu ? Si elle arrêtait de régner dans l’idée, et s’engloutissait dans la chair et le péché, au royaume des humains, ici-bas, avec moi ?
Un geste vers l’autre

Écrire, le faire pour partager une vérité, un sentiment ou une idée, c’est dévoiler bien plus; une sensibilité, certainement ; des peurs et des limitations aussi, peut-être bien. C’est surtout faire un geste vers l’autre, pour soi, pour lui, pour déclencher une réaction, un dialogue, établir une connexion ; ajouter un éclat.
Plus que lire, il s’agit de saisir, ou plutôt de connaître pour comprendre. En fin de compte, il s’agit de se reconnaître et de refaire connaissance avec soi à travers la narration. C’est toujours de nous qu’il s’agit lorsqu’un auteur raconte la vie… de notre humanité, qu’un tiers intéressé, éditeur s’entend, décide, pour nous ou pas, qu’il est préférable de lire ceci plutôt que cela. Donc, auteurs indépendants aussi bien qu’édités, lisez davantage pour vous épanouir et pour comprendre.
Je ne veux plus écrire
Je ne peux plus écrire bien que les inconnus qui m’ont lu ont dit à quel point ils ont été touchés par ce qu’ils ont compris. Je ne peux plus exprimer les histoires en pagaille qui se bousculent pour sortir de ma tête, car je ne veux plus les livrer à l’indifférence coupable de ceux à qui elles sont destinées. Ouvrir ses tripes, puiser de l’encre, c’est mourir un peu. Je ne veux plus mourir.
L’essentiel. J’y arrive !
L’essentiel donne des ailes.
Il se cache sous un tas de confusion, au delà du bruit et des distractions.
Il est là, toujours présent et se moque des mensonges réconfortants.
J’ADORE LE CRÉOLE, MAIS LA CRÉOLITÉ N’EST PAS MON TRUC
Avec toutes ces histoires de complexes et d’aliénation qui circulent, il serait facile de croire que les antillais souffriraient d’une crise identitaire, et que le culturel constituerait l’essence même de nos problèmes. Pour sûr, l’estime de soi et la valorisation de nos productions représentent des éléments fondamentaux du développement d’une communauté stable, mais il existe au moins deux dimensions plus fondamentales encore : l’économique et le politique. La transformation des ressources humaines et la promotion de l’initiative personnelle comme moteurs d’une activité économique accrue et diversifiée mèneraient à une plus grande maîtrise de notre environnement. Voilà les vrais facteurs de notre enrichissement. Car au fond, il s’agit bien de cela, d’enrichissement. Notre retard collectif et la souffrance qu’il suscite, trouve leur source dans cette impuissance économique qui définit largement aussi nos défis politiques. Nous évoluons encore dans un système marqué par le modèle du système des plantations et notre indépendance personnelle dépend encore des maîtres du moment.
Je suis d’accord avec madame Imanyé Dalila Daniel auteure de Zaïre et Théophile pour dire que les descendants de l’oligarchie locale, les Békés, sont les seuls créoles. Selon le dictionnaire le créole est bien une personne de race blanche, d’ascendance européenne, originaire des plus anciennes colonies d’outre-mer. S’identifier à eux, alors même que l’on ne jouit d’aucun de leurs avantages historiques, notamment la mainmise sur des secteurs clef de l’économie, reviendrait à se leurrer au point de rendre difficile tout réveil nécessaire au décollage économique. Il est tentant de penser que cette identification au créole si l’on n’en est pas un soi-même cacherait une profonde haine de soi. Juste parce que nous partageons le même espace géographique, et plus ou moins le même espace culturel ne signifie guère que nous partageons aussi les mêmes intérêts économiques et politiques. Qui profite de quoi, et au final, qui gagne ?
Si l’on est honnête avec soi-même, on sait tous plus ou moins d’où l’on vient. Nous portons les marques de nos gènes dominants, et avons souvent connaissances du rappel familial de nos gènes récessifs. Et si cela ne suffisait pas, un test ADN réglerait rapidement toute confusion. Faire l’éloge du métissage ne règle rien, car c’est ce rapport de force identitaire qui mobilise insidieusement notre attention et retarde la réhabilitation de la partie la plus sombre de notre humanité. On n’échappe pas à ce que l’on est. Le contact avec l’étranger nous le rappellera. Identifier clairement, sans ambiguïté ou concession, ses propres intérêts matériels et existentiels est plus susceptible de nous mettre sur la voie d’un plus grand épanouissement. Nous devons cesser d’être des jouets dans les calculs de ceux qui se jouent de notre confusion.
Le créole en tant que langue demeure un instrument, et en tant que tel, doit participer à notre développement. Il ne doit jamais, par contre, devenir un carcan dans lequel on s’enferme pour lécher ses plaies. C’est un instrument parmi d’autres qui eux aussi méritent d’être cultivés. Si le chinois, l’anglais, l’espagnol, le français ou n’importe quel outil linguistique ou autre facilite mon développement économique, il est sage de le cultiver. Le culturel agrémente certainement l’existence. Il la rend signifiante et doit impérativement servir le développement économique, cet ultime facteur de souveraineté.